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Critique

Hernandez le somnambule. Musicien, auteur de contes et de récits incongrus, gloire nationale en Uruguay, Felisberto Hernandez (1909-1964), n'a cessé de désapprendre le monde. Traduction des oeuvres complètes. Felisberto Hernandez. oeuvres complètes.Traduit de l'espagnol (Uruguay) par Gabriel Saad et Laure Guille-Bataillon, Seuil, 637 pp., 180 F.

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publié le 27 février 1997 à 16h51

L'Uruguayen Felisberto Hernandez est un personnage de légende de la

littérature du Rio de La Plata. Comme l'Argentin Macedonio Fernandez, il jouit du rare privilège d'être désigné par son seul prénom. Pour les Uruguayens, évoquer Felisberto, c'est en appeler immédiatement au sentiment national. Felisberto Hernandez naît le 20 octobre 1902 à Montevideo dans le quartier Atahualpa. A l'âge de 9 ans il débute le piano puis quelques années plus tard l'harmonie qu'il apprend auprès d'un organiste français Clemente Colling. Ayant échoué à son examen pour entrer en sixième, il renonce à toute étude. La musique va être longtemps son unique passion et son seul moyen de subsistance. Il écrit, mais presque en contrebande. Grâce à des amis, il édite en 1925, son premier livre, Untel, si petit qu'il pouvait être glissé dans la poche d'un gilet, il poursuit avec Livre sans couverture en 1929, puis avec le Visage d'Ana, une édition agrafée, privée elle aussi de jaquette. Du temps de Clemente Colling (1942) est son premier livre publié selon les circuits normaux de l'édition. Lu par Jules Supervielle, il marque le début d'une longue amitié qui va l'amener quatre ans plus tard à séjourner en France. C'est à cette époque qu'il abandonne sa carrière de concertiste pour se consacrer à l'écriture. Il travaillera alors à la Sacem de l'Uruguay, écoutant les radios et remplissant des bordereaux de droits d'auteur avant de finir sténographe à l'Imprimerie nationale.

Clemente Colling est une figure cent