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Libération
Critique

Hosto blues. Un huis clos à deux voix entre épaves équarries par la guerre et qui n'ont en commun que leur dégoût de la vie. Par un pompier du Mississipi devenu écrivain sur le tard. Larry Brown. Sale Boulot. Traduit de l'américain par Francis Kerline, Gallimard, «La Noire», 224 pp., 110 F.

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publié le 27 février 1997 à 16h52

A l'origine, c'est-à-dire au début des années 90, Larry Brown a tout

pour exciter la curiosité. Les chroniqueurs littéraires américains ont trouvé l'oiseau rare et sont heureux de le faire savoir. Avant même d'avoir lu une ligne, on apprend donc que Larry Brown, homme du Sud, est devenu écrivain à Oxford, Mississipi, sur les terres de William Faulkner. Et que la vocation lui est venue sur le tard alors qu'il était pompier de sa commune et semblait destiné à le rester jusqu'à l'âge de la retraite. Il portait d'ailleurs l'uniforme quand il s'est attaqué à Sale Boulot, coup d'essai et belle réussite qui nous parvient aujourd'hui, après l'épatant Joe, son deuxième roman. Entre deux sorties en rase campagne, le capitaine de la station n°2, s'isolait dès que possible, chez lui ou à la caisse de la petite épicerie maternelle, pour se retrouver au calme avec deux personnages dont on imagine, après les avoir fréquentés, qu'ils ne le laissaient guère en paix.

Larry Brown est parti de rien. Il n'avait que peu d'idées sur ce qu'il voulait écrire et sur les manières pour y parvenir. Mais il était plus que décidé et n'est, semble-t-il, pas du genre à lâcher le morceau. Pendant des années, il a trimé sans convaincre et sans se décourager, remballé les essais calamiteux, essuyé les critiques et s'est contenté de caser des nouvelles au petit bonheur la chance. La force et l'aisance de Sale Boulot n'en sont que plus frappantes. D'autant que Larry Brown n'a pas choisi le canevas le plus simpl