Menu
Libération
Critique

Arbasino, le dit du dandy.

Article réservé aux abonnés
Dans les années 50, Alberto Arbasino séjourne à Paris, où il partage son temps entre Raymond Aron, les monstres sacrés de la littérature et les lieux de plaisir. Traduction de «Paris ô Paris» et rencontre avec un Lombard chic et lettré.
publié le 6 mars 1997 à 23h46

Dans le «grand tour» formateur entamé par Alberto Arbasino en 1956, Paris n'est qu'une étape avant Harvard, mais aussi le lieu de cristallisation de sa passion pour la littérature. Lombard né à Voghera en 1930, il se destine à une carrière de fonctionnaire international, fait les études qu'il faut ­ droit public à Milan, sciences politiques à la Sorbonne (avec Aron) et à Harvard (avec Kissinger) ­ et laisse tomber illico. Ecrivain, il fait partie de l'avant-garde littéraire dans le Groupe 63. D'ailleurs, Fratelli d'Italia, son grand roman, est la fresque essentielle de l'Italie de ces mêmes années 60. Soucieux des affaires de la cité, il a été député d'une petite formation centriste et laïque, de 1982 à 1986. Critique célèbre, Alberto Arbasino est aujourd'hui l'une des plumes du quotidien la Repubblica.

Au temps de ses années parisiennes, comme il le raconte dans Paris ô Paris, aujourd'hui traduit, Alberto Arbasino est un jeune homme bûcheur, mondain et organisé, qui partage son temps en trois tiers. Le premier est voué à Raymond Aron, à ses cours de «sociologie industrielle suédoise» à la Sorbonne et à la petite cour qui entoure le célèbre professeur libéral et anticommuniste. Le deuxième est consacré à rencontrer les «monstres sacrés» de la littérature française. Mauriac, Jouhandeau, Céline, Julien Green, Cocteau" qui ouvrent leurs maisons à cet Italien élégant et respectueux. Aux loisirs ­ théâtre, concerts, expositions ­ est consacré le dernier tiers du temps d'Alberto Ar