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Analyse

Quand l'extrême droite récupère la croisade anti-art moderne.

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Ben, Baudrillard, entre autres, se laissent publier par Alain de Benoist.
publié le 26 mars 1997 à 22h41

«L'extrême droite attaque l'art contemporain» titre le mensuel art press qui sort cette semaine avec une couverture rouge et noire aux lettres gothiques tant appréciées par le IIIe Reich. Un message clair pour dénoncer la curieuse coalition d'intellectuels plutôt de gauche qui se retrouvent aux côtés d'écrivains plutôt de droite, dans la revue Krisis, pour faire campagne contre l'art moderne. Le débat sur la «nullité» de l'art contemporain, d'abord lancé par Esprit a été depuis repris dans la presse nationale (Le Figaro et l'Evénement du Jeudi).

L'offensive de l'extrême droite contre l'art moderne n'est pas une nouveauté historique ­ Hitler avait commencé de détruire tout ce qui ressemblait à de l'art moderne ­ mais elle est redevenue d'actualité. Art press rappelle d'ailleurs, avec le sentiment d'un éternel retour, que la revue avait déja dénoncé, dans son numéro de mars 1979, le manque de vigilance d'une partie de l'intelligentsia de gauche envers les discours de la Nouvelle Droite d'Alain de Benoist: «Ces thèses douteuses sur le berceau "indo-européen de notre culture occidentale... Cette exaltation des mythologies païennes, ce discours violemment anti-bourgeois, anti-capitaliste et anti-cosmopolite nous paraissaient pour le moins suspects...

Aujourd'hui la participation de Jean Baudrillard, Jean-Philippe Domecq, Jean Clair (directeur du musée Picasso) et de l'artiste Ben au dernier numéro de Krisis oblige, vingt ans plus tard, à refaire la démonstration, à réexpliquer qui