Depuis l'introduction de la Réforme jusqu'aux grands bouleversements
qui ont affecté les pays de l'ancien bloc communiste, nombreux furent les actes symboliques destinés à éradiquer les signes ou les objets représentatifs d'un ordre contesté et à leur substituer des signes et des objets nouveaux. Plus souvent, ce n'est pas à des sommaires remplacements que l'on procède, mais à un transfert. C'est à l'étude de ce transfert que s'attache Dominique Poulot. Le gros de ce travail, remarquablement documenté, forme la matière d'une publication en langue française due à un éditeur d'Oxford, dont l'ouvrage accueilli par Pierre Nora dans la Bibliothèque des Histoires est un brillant condensé.
Dominique Poulot est historien, marqué par la tradition des Annales mais plus encore par le souci épistémologique que Michel Foucault a introduit dans les sciences humaines: en témoigne le titre de l'un des livres, Surveiller et s'instruire. Ici, il s'agit de «déboîter ces évidences figées, qui ont construit la "vérité contradictoire du patrimoine au sein de la tradition nationale (...): la destruction, ou la conservation de l'art (comme) argument majeur dans l'évaluation de la Révolution tout entière». C'est à une analyse de toutes les formes de discours qui tentent d'ordonner le patrimoine monumental et muséal au concept de Nation que procède Poulot. Car le musée, en tant que dispositif discursif, est «lié, d'une part, à l'image de la Nation et de l'Etat et, de l'autre, à une entreprise d'expropr