Qui, du sommeil ou du rêve, est le gardien de l'autre? Selon Freud
et la psychanalyse, on rêve pour mieux dormir. Selon Michel Jouvet, l'inventeur du sommeil paradoxal, on dort en revanche pour pouvoir rêver. Question secondaire, dira-t-on, du moment que l'ancien et le moderne accordent une importance primordiale aux rêves. Ce n'est pas l'avis de Michel Jouvet, le neurophysiologue qui a mis au jour les mécanismes biologiques, voire génétiques, du fonctionnement du sommeil, et donc du rêve (c'est pendant le sommeil paradoxal, une période d'une vingtaine de minutes, que notre cerveau s'adonne à l'activité onirique à peu près chaque heure et demie, quatre ou cinq fois par nuit). Par exemple, là où la psychanalyse freudienne s'intéresse au rêve pour en déceler le contenu caché, l'onirologie moderne se cantonne à l'analyse de son contenu manifeste. Ce qui compte alors, c'est moins l'interprétation que la description. Sans être réfutée, la pulsion sexuelle génitale devient un levier parmi d'autres de l'incessante production onirique. Non plus rabattus sur l'éternel (et monomaniaque) triangle oedipien, on pourra alors cataloguer (et interpréter) les rêves selon des typologies bien plus variées, empruntées entre autres à l'ethnologie. Comment rêve-t-on dans des sociétés prémodernes? quel sens y donne-t-on à l'activité onirique? peut-on appliquer l'interprétation freudienne aux membres des familles polygamiques et/ou matrilinéaires? Pour avancer, il fallait «une anthropologue intér