D'incolores idées vertes dorment furieusement», écrit Jacques
Bouveresse en guise d'exemple d'une phrase qui «ne veut rien dire». Elu au Collège de France en 1995, il a consacré sa première année de cours à l'examen des «conditions de possibilité du non-sens et (de)ce qu'il peut être». Dire et ne rien dire est le texte (étoffé) de cette étude, qui confronte les thèses de Frege, Kant et Wittgenstein - mais aussi des philosophes du langage contemporains du Massachusetts Institute of Technology, à savoir Cora Diamond, Michael Dummett, Hilary Putnam... - sur les concepts liés de «l'illogisme, l'impossibilité et le non-sens». Jacques Bouveresse tente pourtant de dépasser les limites de ce qui a attiré, à travers ces trois concepts, «l'attention des logiciens, des linguistes et des philosophes du langage»; il cite Freud et sa réflexion sur le «mot d'esprit», Lewis Carroll et ses «jeux grammaticaux», et plus proche de nous encore, Joachim Schulte qui a souligné favorablement «l'aspect satirique et même parfois bouffon» des propos philosophiques de l'auteur du Tractatus (Lire Wittgenstein, L'Eclat, 1992). Il faut citer encore une référence relativement inattendue: Les dingues du nonsense (Balland, 1986), de Robert Benayoun, où l'on se promène «de Lewis Carroll à Woody Allen».
Dire et ne rien dire montre Jacques Bouveresse sous un jour inhabituel _ contrairement à La demande philosophique (L'Eclat, 176 pp., 79 F.), texte de sa leçon inaugurale au Collège de France publié en octobre de