Châtenay-Malabry envoyé spécial
Le lecteur des Evangiles du diable et du Rond des sorciers l'imaginerait vivant au milieu des bois, tel le Meneur de loups qu'il a si souvent mis en scène dans ses recueils de contes folkloriques. En vérité, le rassembleur des faits et gestes les plus insolites de nos ancêtres a élu domicile au coeur d'un immeuble de béton, y creusant une sorte de caverne abritant des tonnes d'archives, de livres rares, d'autographes, de bustes tutélaires et de guirlandes de fleurs en papier fanées. Seignolle, hirsute, affable et ne paraissant pas ses 80 ans, est bien sûr ravi de surprendre. «Je suis né à Périgueux mais j'ai passé mon enfance ici, à Châtenay-Malabry. Lorsque, il y a vingt ans, un promoteur a fait démolir la belle maison à pignons où j'ai grandi, j'ai tenu à rester là, coûte que coûte.» D'où la caverne de béton où le conteur poursuit une carrière singulière, connue d'une légion de dévots mais quelque peu ignorée de la critique. «J'ai pourtant vendu plusieurs millions de livres que je n'hésite pas à faire réimprimer moi-même, mais je ne sais pas me servir de la télévision, un médium idéal pour le conteur.»
L'aventure de Seignolle commence lorsqu'il a 13 ans. «J'avais appris que le célèbre folkloriste Arnold Van Gennep habitait Bourg-la-Reine, à deux pas d'ici. Je suis allé le voir et il m'a reçu très gentiment. Il était entouré de boîtes à chaussures contenant des milliers de notes destinées à un ouvrage sur les traditions de la Bourgogne. Je lui