Frederick Forsyth a écrit son dernier livre. Il l'affirme depuis neuf mois, depuis que Icon est paru en Grande-Bretagne. Il le répète encore au moment où Icône paraît en France. L'époque est triste, il a écrit tous les livres. En tout cas tous les siens. «Je ne trouve plus grand-chose qui m'excite, je ne ressens plus la décharge d'adrénaline devant les sujets», confesse-t-il d'un air à la nonchalance accentuée stylistiquement par le fume-cigarette qui lui sert de jouet à tripoter. Les assassins et les terroristes, les espions et les anciens nazis, les mercenaires et les vrais soldats: tout le monde est passé à la Moulinette de ses fictions enlevées qui ont créé un genre à l'époque de la guerre froide et des coups tordus. Il resterait bien les Irlandais de l'IRA, remarque-t-il d'un air un peu désabusé. «Mais il y a eu une quarantaine ou une cinquantaine de films ou de livres sur le sujet», dit Forsyth dans son français fluide et choisi. Et puis, ajoute-t-il, «très franchement, je les trouve très ennuyeux».
A 58 ans, Forsyth entrerait donc dans une époque de sa vie où la retraite volontaire le disputerait au chômage forcé.
«Voilà vingt-neuf ans que je fais ça, et auparavant douze ans de journalisme. Quarante ans, c'est une longue carrière, non?» Dans cette théorie chiffrée, Forsyth oublie les 40 millions d'exemplaires de ses romans vendus dans le monde depuis Chacal. Déjà, en 1971, 9 millions de personnes achetèrent ce premier roman qui racontait l'histoire d'un tueur profession