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Libération

Queen d'un jour.François Guérif, éditeur français, s' est vu remettre un prix par le gratin de la littérature policière d'outre- Atlantique. Déposition.

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publié le 8 mai 1997 à 2h47

New York envoyé spécial

Debout, dans la salle verte du Hilton Towers de la 6th Avenue, François Guérif est nerveux. Ce n'est pas qu'il y ait du suspense: le Français sait déjà depuis deux mois que pendant cette 52e cérémonie des Edgar-Allan-Poe Awards, appelés plus amicalement les Edgar, il va recevoir un prix spécial, le Ellery-Queen Award, pour son travail d'éditeur à Rivages. Une récompense convoitée dans le monde du polar, un honneur rare que n'a pas connu un Français depuis que le plus français des Belges, Georges Simenon, a été élu président de la Mystery Writers of America, il y a une éternité. Mais ce que Guérif ne mesurait pas, c'est combien la cérémonie de ce soir de 1er mai sera peu intime. Il devra faire son discours de remerciements en anglais devant plus de sept cents invités, en quasi-totalité engoncés dans des smokings et robes du soir. Ainsi va la remise des Edgar: chaque année elle essaie de ressembler un peu plus aux oscars.

Georges Chesbro, l'auteur moustachu et aux cheveux longs des Bêtes du Walhalla, le créateur de Mango le nain, est un des rares à ne pas porter l'uniforme de la soirée. Cela rassure un peu Guérif qui entre avec sa femme dans la grande salle de bal. Au fond, on entend les accords d'un orchestre de sexagénaires. Autour des soixante-dix tables s'asseyent des représentants des grands éditeurs new-yorkais, de la télévision, du New York Times, des écrivains ­ notamment Stuart Kaminsky, Evan Hunter alias Ed McBain, Richard Price ­, des critique