Mexico envoyé spécial
Ce matin-là, chez lui dans le quartier de la Condessa, Paco Ignacio Taibo II travaille avec son éditeur mexicain. Derrière son inévitable magnum de Coca-Cola et la fumée de ses cigarettes Delicados, en tee-shirt, jeans et espadrilles, l'écrivain de romans policiers le plus connu du Mexique (1) corrige sa biographie du Che. Pour la neuvième édition mexicaine de ce livre. Neuvième édition, cela veut dire que ce gros bouquin historique et politique en a déjà au moins épuisé huit, chacune de 5 000 exemplaires, ce qui représente 40 000 exemplaires vendus. Beau résultat . Entre deux ratures et un ajout, Taibo parle politique. Il commente les sondages électoraux qui pour la première fois donnent le parti qu'il soutient, le PRD, Parti révolutionnaire démocratique (gauche modérée), vainqueur des prochaines élections pour le poste de gouverneur du district fédéral, c'est-à-dire de la ville de Mexico. Il tord sa moustache, reprend son crayon noir et jubile. La plupart des corrections qu'il fait viennent de ses lecteurs du Mexique, de Madrid et... de Cuba. Où le livre, non autorisé, est lu et relu. En France, on ne vous savait pas biographe... Ici, je ne suis pas que romancier, je suis aussi historien. Je me suis intéressé à l'Histoire dès les années 60. A cette époque, le mot clé, c'était démythifier. Comme romancier, pour moi, c'est plutôt le contraire: remythifier, réélaborer des mythes. En bon schizophrène, j'ai combiné ces deux impératifs contraires. Ma rem