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Libération
Reportage

Révolution et tours operators.

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En Bolivie, quelques professionnels du tourisme proposent déjà une visite des lieux saints. Ce n'est qu'un début.
publié le 8 mai 1997 à 3h12

La Paz envoyé spécial

l'ingénieur Felix Carrandini sait qu'il ne possède pas la poule aux oeufs d'or. Mais enfin, si les touristes viennent jusqu'à Abapo ­ village verdoyant où prend fin la route goudronnée de Santa Cruz, 125 kilomètres plus au nord ­ à raison de 10 F par jour de camping, 50 F pour la location d'une cabane, le retour d'investissement devrait être vite assuré. Pour quelques dollars de plus, le visiteur pourra s'aventurer en hors-bord sur les eaux du rio Grande où règne le requin d'eau qui pèse jusqu'à 80 kilos. A deux heures de navigation, à Bado del Yesa, une grève blanchâtre dessine la première balise. C'est là qu'il y a trente ans onze guérilleros de l'ELN (Armée de libération nationale), dirigée par le Che, tombèrent dans une embuscade. Parmi eux, l'une des figures légendaires du mouvement, Tamara Bunke, alias Tania, une Argentine d'origine allemande.

Aujourd'hui, à l'intérieur d'un triangle dont les sommets sont Camiri au sud, Vallegrande et Santa Cruz au nord, on attend les visiteurs étrangers de pied ferme, depuis que le secrétariat d'Etat au Tourisme de Bolivie a lancé l'idée d'un «circuit des combattants du Che». Mais l'infrastructure hôtelière fait cruellement défaut. Passé Abapo, la piste traverse le Chaco aride; seule oasis, le village de Lagunillas offre de sommaires conditions d'hébergement, à 25 kilomètres des gorges du Nancahuasu, principale base opérationnelle de la guérilla. En bout de piste, Camiri, centre pétrolier, est toujours le siège du