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Libération
Critique

Vues sur la mère

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A travers trois générations depuis la Libération, la maternité comme facteur de l’identité féminine. Par une pionnière de l’histoire des femmes.
publié le 8 mai 1997 à 2h47

Par le présent livre, Yvonne Knibiehler, pionnière de l’histoire des femmes, prolonge jusqu’à aujourd’hui l’Histoire des mères qu’elle avait publiée en 1980 avec Catherine Marand-Fouquet. Depuis la Libération, la place de la maternité a beaucoup changé au point qu’on peut parler de «révolution». Par la pilule et la légalisation de l’avortement, les femmes ont acquis la maîtrise de la fécondité: événement majeur qui bouleverse jusqu’à la représentation symbolique des sexes. Quelle que soit sa composante scientifique, cette révolution ne s’est pas opérée toute seule. L’auteur montre dans un récit fourmillant de références et de portraits l’importance des initiatives des femmes, des résistances et des conflits qu’elles ont rencontrés. Elle distingue trois générations. La «génération du Baby-Boom» (1945-1965) est marquée par une hausse spectaculaire de la natalité (amorcée dès 1942) et un langage très conventionnel quant au rôle des femmes, la Reconstruction se coulant aisément sur ce point dans le discours de Vichy avec toutefois une différence de taille: l’accès au suffrage enfin universel en 1944. Cependant, l’appel au salariat féminin dans un contexte matériel difficile, l’absence de système de garde et de partage des tâches, le maintien d’une législation répressive (lois de 1920 et 1923) provoquent rapidement une tension. Si le coup d’éclat de Simone de Beauvoir (1949, le Deuxième Sexe) n’a dans l’immédiat que peu d’effet, le malaise sourd de partout: à la radio, dans les