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Libération
Critique

De Gaza à Haïfa, portraits in situ de trois écrivains palestiniens présents à Paris à l'occasion des Belles Etrangères. A l'ombre de Genet et de l'Intifada. Huis clos à Naplouse. Par Sahar Khalifa, le combat des femmes contre les Israéliens et la mentalité patriarcale. Sahar Khalifa.L'impasse de Bab Essaha.Traduit de l'arabe (palestinien) par Youssef Seddik et Mohamed Maouhoub. Flammarion, 202pp., 95F.

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publié le 15 mai 1997 à 2h45

Un quartier de Naplouse en pleine Intifada. Un homme et trois femmes

sont coincés dans la maison de Nouzha, une jeune prostituée. Venue interroger cette dernière sur ce que l'Intifada a changé dans sa vie, Samar, une jeune universitaire, est contrainte d'y rester toute la durée du couvre-feu. Au fil d'une âpre discussion, elle finit par se prendre de tendresse pour cette fille, paria du quartier, dont la mère a été assassinée par des encagoulés pour collaboration avec les Israéliens. Or, Nouzha ne caresse qu'un rêve: s'extirper de Naplouse en compagnie de son frère Ahmed, un résistant réfugié dans les montagnes, pour aller vivre aux USA. Comme si elle s'adressait à Houssam, un résistant blessé qu'elle héberge en cachette, Nouzha n'hésite pas à s'attaquer à tout le monde; «vous êtes tous les mêmes», dit-elle à Samar. La politique, la Palestine ne lui disent rien qui vaille. De sa cachette, Houssam n'ose intervenir. Bientôt se joignent au trio, Sitt Zakia et Oum Azzam. Sage-femme et infirmière, Sitt Zakia est la mémoire vivante du quartier et de la ville. Elle connaît les secrets de chaque famille. A Samar, qui réussit à la faire parler, elle livre quelques bribes d'un passé douloureux: mariage, naissance de trois filles mariées dans les pays du Golfe, fugue du mari etc. Celle que tout le monde appelle «Mère-des-enfants», ne se fait guère d'illusions sur l'issue de l'Intifada; à ses yeux, rien n'a changé dans la vie des femmes. «Prie pour que Dieu aide les femmes», lance-t-el