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Critique

Fargue, poète en capitale. Une biographie, un recueil de souvenirs et une réédition de et autour de l'auteur du «Piéton de Paris», chaînon qui relia la Belle Epoque au surréalisme. Jean-Paul Goujon, Léon-Paul Fargue. Gallimard, 311pp., 145F. André Beucler. Dimanche avec Léon-Paul Fargue, Le Temps qu'il fait, 110pp., 85 F. Léon-Paul Fargue. Dîners de lune,Gallimard, «l'Imaginaire», 184pp., 42F.

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publié le 29 mai 1997 à 1h56

«Quelle vie absurde qu'une biographie», s'exclamait Pierre Louÿs. Ce

n'est pas son biographe, Jean-Paul Goujon, qui est aussi celui de Jean de Tinan, de René Vivien et aujourd'hui de Léon-Paul Fargue qui dirait le contraire. Car Jean-Paul Goujon travaille non seulement à contre-courant des modes en ressuscitant des écrivains délaissés, mais s'attache aussi à revisiter l'histoire littéraire pour mieux cerner la réalité d'un écrivain et la complexité d'une existence. Avec Léon-Paul Fargue la tâche était énorme, d'abord parce que la vie de l'auteur de Tancrède «ne fut jamais conduite comme une carrière méthodiquement et habilement tracée, mais comme la recherche obstinée d'une vérité personnelle», et ensuite parce que Fargue est le prototype même de l'écrivain qui relève généralement de la légende et de l'anecdote. Fargue nous a laissé sa figure de «Piéton de Paris», d'explorateur des «plis sinueux des vieilles capitales», jusqu'à nous faire oublier qu'il était d'abord un grand poète.

Négligé par l'université ! il n'existait jusqu'alors qu'un seul ouvrage sérieux sur Fargue !, minimisé par les histoires de la littérature, Fargue est l'un des chaînons qui relient la Belle Époque au Paris de l'Occupation, le symbolisme aux années surréalistes. Aussi le premier intérêt de cette biographie réside dans la reconstitution très précise des enjeux esthétiques et des groupes littéraires du début du XXe siècle dans lesquels Fargue fait son apprentissage. Né le 4 mars 1876 et mort le 24 nove