Charles Taylor est canadien et québécois; tenant du
multiculturalisme, il est opposé à tout relativisme culturel; libéral, il est le pourfendeur acéré de l'individualisme et le conciliateur infatigable de la valeur suprême de l'individu et de la reconnaissance de sa nature sociale. Mais plus que par les paradoxes, ce professeur à l'université McGill à Montréal, né en 1931, semble attiré par un juste milieu aristotélicien. Inscrite dans la tradition analytique anglo-saxonne et dans la sillage de Dilthey, son oeuvre s'est imposée en France à l'occasion des débats sur la nation et le métissage. Cependant elle est aussi largement ancrée dans la philosophie «continentale», en ce qu'elle reconnaît ses dettes à Merleau-Ponty, Wittgenstein, Heidegger, Gadamer".De ce philosophe entre deux rives, à l'aise d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique, et dont le plaisir est justement de dépayser ses lecteurs, Philippe de Lara présente un recueil d'essais publiés entre 1971 et 1985, enrichi d'un chapitre inédit écrit pour ce volume. On peut ainsi se faire une idée de l'Anthropologie philosophique de Charles Taylor, laquelle, rappelle Philippe de Lara dans son introduction, parvient à maintenir reliés «le versant langagier de l'homme comme être de langage, et le versant réaliste, ou charnel, de l'homme comme corps agissant, pouvoir pratique dans le monde. Le premier appartient clairement à la philosophie de ce siècle, le second à la leçon d'Aristote».
Théorie du langage et de l'action, criti