Depuis Lune de loups, son premier roman, Julio Llamazares poursuit
une trajectoire qui n'appartient qu'à lui. Au lieu de s'accrocher au train de la movida, comme l'ont fait la plupart des écrivains de sa génération (il est né en 1955), il a préféré fouiller dans ses origines. Il a vu le jour dans un village englouti par la folie des grands stratèges de la modernisation de l'Espagne franquiste, ces ingénieurs qui se sont mis à construire dans le nord du pays des barrages et des lacs artificiels. La plupart de ces étendues d'eau ressemblent aujourd'hui à des mirages dans le désert. Mais le village a disparu . Julio Llamazares s'est mis à traquer ce qui a pu en demeurer dans sa mémoire et celle des siens. En faisant, d'abord, appel à l'histoire des résistants au franquisme, dans Lune de loups. En convoquant, ensuite, une poésie macabre capable de rendre compte d'une disparition collective brutale et absurde, avec la Pluie jaune. En interrogeant enfin les survivants dans un récit de voyage et de retour initiatique, le Fleuve de l'oubli. Peu à peu, il a abandonné l'écriture romanesque pour le témoignage. A présent, il invente ses propres images. A travers des photos, la plupart en noir et blanc (clichés de la vie quotidienne et aussi de la mort, photos des mineurs au fond du puits, photos de la foule venue saluer Franco), il recrée la vie d'un village minier, Olleros, en voie de disparition sous les coups de la modernisation. Malgré sa jeunesse, Julio Llamazares croit aux vale