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Libération
Critique

Polar Frère Jack. Des jumeaux, dont un flic assassiné, pour un road-polar à tiroirs qui parcourt d'un bout à l'autre les Etats-Unis en une quête macabre de la fraternité. Michael Connelly. Le Poète.Traduit par Jean Esch. Seuil Policiers, 484 pp, 130 F.

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publié le 12 juin 1997 à 3h49

On croit souvent, mais l'erreur est courante, que Los Angeles est

une ville. Alors que c'est avant tout un genre littéraire. Michael Connelly, en quatre romans (trois seulement ont été traduits en français), avait réussi à s'imposer dans la petite élite des écrivains qui l'incarnent, avec le regard âpre de l'insider dépourvu de sentimentalisme. Portés par un style sans fioriture forgé à l'école du reporter (qu'il fut) au Los Angeles Times, ses livres parcouraient la cité des anges en évitant les clichés lassants. Son détective, Harry Bosch, réunissait la double qualité sans laquelle tant de détectives de papier restent sans attrait: en être (de la bande des durs, des fracturés de l'intérieur, des détectives revenus de tout ou presque...) et s'en distinguer suffisamment pour se rendre indispensable. Le culte en un mot pointait ­ on renverra ici à cette Blonde de béton (prix Calibre38 1996) qui vient d'être rééditée en Poche (Seuil), comme meilleur exemple de ce que promettait Connelly dans Harry Bosch.

Sortir de sentiers qui n'étaient pas encore battus, et qu'on aurait pu continuer d'arpenter, ne relevait pas de l'évidence. Connelly a quitté Los Angeles et abandonné Harry. Le Poète débute à Denver, Colorado, lorsque le frère jumeau de Jack McEvoy, grand reporter et grande gueule au Rocky Mountains News, est retrouvé assassiné. Sean était policier, Jack demande à enquêter pour son journal sur le meurtre et découvre chemin faisant (et gémellité explorant) que d'autres policiers,