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Libération
Interview

Budd Schulberg, une foule dans un homme.

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Né en 1914, le scénariste d'«Un homme dans la foule» est une des dernières mémoires de la littérature et du cinéma américains. Entretien avec Budd Schulberg, dont est traduit «la Forêt interdite», autour de ses contemporains Fitzgerald, Dorothy Parker, Elia Kazan et Nicholas Ray. En passant par son engagement communiste, sa lutte pour l'intégration raciale et la chasse aux sorcières.
publié le 19 juin 1997 à 5h19

Budd Schulberg est une légende trop oubliée. Il est né en 1914 à New York mais a été élevé à Hollywood, où son père, B.P. Schulberg, fut un des bâtisseurs de la Paramount. Scénariste à 19 ans, il se fait virer quelques années plus tard après une collaboration ratée avec Scott Fitzgerald. En 1941, il défraie la chronique en publiant Qu'est-ce qui fait courir Sammy?, un roman au vitriol sur les moeurs de la capitale du cinéma et sur les ressorts qui font d'un jeune homme un requin puis un nabab. Il passe la Deuxième Guerre mondiale dans l'Unité documentaire de John Ford et constitue en 1946 le dossier photographique du procès de Nuremberg. En 1951, il témoigne «amicalement» devant la Commission des activités antiaméricaines sur son adhésion au Parti communiste dans les années 30. Et donne quelques noms d'autres sympathisants et membres.

C'est aussi l'époque où il couvre l'actualité de la boxe avec passion (ses articles sortent ces jours-ci en Angleterre en un recueil intitulé Sparring with Hemingway). Il écrit quelques-uns de ses plus grands scénarios, Sur les quais et Un homme dans la foule pour Elia Kazan, la Forêt interdite pour Nicholas Ray (voir ci-contre). Il publie des romans dont le Désenchanté (inspiré par sa fréquentation de Scott Fitzgerald), Plus dure sera la chute sur les magouilles dans les milieux de la boxe (dont Mark Robson tira un film avec Humphrey Bogart) et des nouvelles dont Amour, action, rires, et autres contes tristes. Il s'engage aussi dans la lutte po