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Libération
Critique

La forêt et la jungle.

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En un seul recueil,le scénario du film mythique de Nicholas Ray, le récit de «l'Atelier d'écriture de Watts» fondé par Budd Schulberg et un dialogue de l'auteur avec James Baldwin.
publié le 19 juin 1997 à 5h07

«Tout écrivain sait bien que le brusque éclair d'inspiration

n'existe pas.» Ainsi lancé, Budd Schulberg peut expliquer qu'il lui a fallu quelques années d'expérience dans les Everglades, en Floride, où il vint pêcher, se reposer et écrire, avant d'écrire la Forêt interdite. Ce scénario qui va devenir un film réalisé par Nicholas Ray, cette histoire de défense de la nature et de chasse aux oiseaux est aussi celle du conflit entre deux Amériques: l'une légaliste et éclairée, l'autre hors la loi et murée dans son refus du progrès. Cette seconde Amérique, le scénariste la rencontre un soir, alors qu'il vient d'errer dans ce fleuve d'herbes qu'est la Glade. Il entre fourbu dans un assemblage précaire de tôles ondulées qui sert de bouge et y rencontre quelques habitants patibulaires des marais, d'étranges humains dépenaillés, menaçants, voleurs, mais maîtres des lieux. «Ils se sont accommodés des fourmis rouges, des moustiques et des serpents. Et il n'est pas de papier pour prouver que ces terres leur appartiennent.» Schulberg est agressé par l'un d'eux mais sauvé par un autre, un certain Bud Kirk. Ce baroudeur du Sud profond est en fait un homme du Nord qui a fui l'Amérique climatisée pour plonger dans un univers sauvage. Il s'est passionné pour les Everglades au point d'aller à Miami suivre des cours sur la faune et la flore locales. De ce personnage venu se perdre dans ce paysage spongieux «par protestation» Schulberg se souviendra quand il écrira son scénario. Entre ce récit