Lorsque Gamal Ghitany, né en 1945, publie à vingt-neuf ans son
premier roman, Zayni Barakat, la critique n'hésita pas à qualifier l'auteur de «fils spirituel de Naguib Mahfouz». La parution, deux ans plus tard, de la Mystérieuse Affaire de l'impasse Zaafarâni (traduit seulement aujourd'hui) confirma ce verdict. Comme dans Zayni Barakat, l'action a lieu au coeur du vieux Caire. La figure de proue en est le cheikh Ateyya. Doté de pouvoirs magiques, ce dernier décide de neutraliser au moyen d'un philtre la sexualité des hommes de Zaafarâni, réussissant du même coup à modeler à sa guise la vie du quartier. Mais les riverains finissent par se défaire de l'emprise maléfique du cheikh. A l'image de l'architecture labyrinthique du Caire, l'auteur construit ici une intrigue à tiroirs. Il mobilise pêle-mêle contes, rapports cliniques et policiers, ragots des riverains et communiqués de presse, etc. Le résultat est une vaste fresque à travers laquelle s'entrevoient les mues mystérieuses, voire monstrueuses, de la société égyptienne.
Comme dans vos précédents romans, la Mystérieuse Affaire de l'impasse Zaafarâni traite des questions du pouvoir et de l'asservissement. Pourquoi cette insistance?
L'analyse des conduites d'asservissement permettent d'approcher les sociétés arabes, aujourd'hui aux prises avec de nombreux fléaux. Dans ce roman, un cheikh, c'est-à-dire un homme de pouvoir, décide du jour au lendemain de changer le cours de la vie des habitants du quartier Zaafarâni. Pour s'en a