Menu
Libération

Harry Mathews. Le go-between.

Article réservé aux abonnés
publié le 26 juin 1997 à 4h44

Ecrivain américain vivant à Paris, auteur de «Cigarettes» et du «Journaliste» (éditions POL), membre de l'Oulipo, Harry Mathews a joué un rôle certain dans la diffusion de «I Remember» et dans la genèse de «Je me souviens». «A l'époque, j'étais l'ami de Joe Brainard et de Georges Perec. C'est moi qui ai parlé le premier à Georges de I Remember de Joe. Georges était fasciné par l'idée de Joe. La formule lui semblait tellement évidente qu'il se demandait comment personne ne l'avait eue avant. Il s'est donc mis à réfléchir de son côté à un projet de même type, mais, quand il a enfin lu une des éditions du livre de Brainard, il a été un peu déçu: il pensait que Joe avait travaillé comme lui sur la mémoire collective. C'est la différence entre les deux livres: celui de Brainard est surtout porté par ses souvenirs personnels, celui de Georges par les souvenirs de sa génération.

Joe Brainard était d'abord un peintre. Comme beaucoup d'autodidactes, il s'est lancé dans l'écriture avec une franchise et une absence de complexe étonnantes. Il travaillait sur I Remember par ensembles, il y passait beaucoup de temps, il corrigeait sans cesse, jusqu'aux dernières épreuves. Il disait qu'il n'avait pas de mémoire, que c'était à chaque fois comme s'il s'arrachait une dent, mais qu'ensuite ça venait tout seul. C'est la grande force de sa découverte: une fois que vous avez commencé, vous ne pouvez pas vous empêcher de continuer, c'est un processus dynamique, difficile à arrêter. Cela peut deve