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Libération
Critique

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. Heurs et malheurs de chercheurs.

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publié le 26 juin 1997 à 4h43

Peut-on mener des enquêtes sociologiques sur les classes dominantes sans se faire déclasser par la noble communauté des chercheurs? C’est un vrai risque en effet, même si les travaux en question sont irréprochables sur le plan scientifique et ont connu de surcroît un certain succès médiatique. Ou, peut-être, à cause de cela, comme tendrait à le montrer ce «journal de recherche» de deux sociologues qui, en dix ans, se sont bâti une solide réputation de spécialistes de la grande bourgeoisie. Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot avaient commencé par étudier le mal de vivre et la ségrégation en région parisienne, au début des années 80. Dans les beaux quartiers (Seuil, 1992) marque un changement de milieu. Des enquêtes sur les quartiers des affaires, la chasse à courre, les grandes fortunes viendront quadriller ce nouveau terrain. Terrain jusqu’alors peu pratiqué par les sociologues, assez portés à considérer comme un affront, voire une faute de goût, des analyses qui soulignent «la réalité du pouvoir de catégories considérées un peu vite comme obsolètes ou disparues, et remettent à sa juste place la mythologie de l’égalité et de la méritocratie républicaines». Ce couple de chercheurs se prévaut pourtant d’une caution méthodologique prestigieuse: «Notre travail se veut une mise en oeuvre du système conceptuel élaboré par Pierre Bourdieu et les notions d’habitus, de champ, d’hexis corporelle, de doxa sont à la base de nos observations et de nos analyses.»

Michel Pinçon et Moni