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Critique

L'hymne à la joie. Voué à Spinoza depuis 1954, Robert Misrahi a trouvé, dans l'oeuvre du philosophe solitaire et incompris, joie, félicité et «un accroissement de la puissance d'exister». Robert misrahi. L'Etre et la joie. Perspectives synthétiques sur le spinozisme.Encre marine (Fougères 42220 La Versanne), 496 pp., 250 F.

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publié le 26 juin 1997 à 4h43

Les philosophes sont-ils des gens heureux? De l'«ironie» socratique

au «gai savoir» nietzschéen, pourquoi ne pas imaginer qu'en effet la philosophie procure un authentique «bonheur existentiel»? C'est en tout cas la thèse fondamentale de Robert Misrahi, professeur à Paris I, et qui a toujours exprimé, dans les faits comme dans les textes, une sensibilité joyeuse pour la pensée et l'enseignement philosophiques. Son nom est rattaché à celui de Spinoza, dont la vie ne semble pourtant pas avoir été «joyeuse». Il était pauvre, solitaire et incompris, fut victime d'une agression physique portée par un fanatique religieux, son oeuvre ne reçut de son vivant qu'une reconnaissance limitée ­ et elle soulèvera, jusqu'à l'aube de notre siècle, de très forts sentiments, de haine plus souvent que d'enthousiasme. Cependant, Gilles Deleuze avait déjà relevé que la «béatitude» n'en était pas moins l'horizon philosophique du penseur hollandais. Cette oeuvre et son horizon, Robert Misrahi en a développé l'argument, exploré les conséquences, commenté l'importance éthique et métaphysique, au long de la vingtaine d'ouvrages qu'il a publiés depuis le début des années 60.

«Mais ce n'est pas en vue de l'histoire de la philosophie qu'il consacre une large et constante partie de son travail philosophique à Spinoza. Le travail de lecture de Spinoza et d'initiation à sa lecture paraissent bien plutôt à R. Misrahi une propédeutique, une pédagogie philosophiques, une école de rigueur et d'authenticité.» Cett