La nuit de la Saint-Barthélemy, où les catholiques ont réglé leur
compte aux protestants, aurait-elle pu ne pas avoir lieu? Y avait-il d'autres issues et les a-t-on recherchées? Questions pas trop orthodoxes pour une certaine histoire «officielle», l'événement perdant avec le temps, il est vrai, son essence aléatoire d'un possible parmi d'autres, pour se muer en nécessité immuable, historique. C'est à cette interrogation (et à bien d'autres) qu'essaie cependant de répondre Olivier Christin, professeur à l'université de Nancy, dans La paix de religion. Ouvrage dont le premier mérite est de créer son propre objet, le problème de la coexistence ! au XVIe siècle ! de plusieurs confessions religieuses au sein d'entités politiques diverses . La conjonction entre le processus de l'affirmation progressive de l'Etat moderne et celui de l'éclatement confessionnel définitif à la suite de la Réforme protestante, n'y est pas fondamentalement mise en cause. Il y est mis à jour en revanche la période intermédiaire, politique et idéologique, où on a recherché une alternative négociée aux heurts sanglants désormais endémiques et aux guerres annoncées ! cette «paix de religion» justement, un concept aussi nouveau que pouvait être inouïe la déchirure entre chrétiens.
Extirper l'hérésie ou négocier entre chrétiens? C'est pour explorer le second terme de cette alternative que les Etats de l' «Europe médiane» s'engagent dans la «paix de religion», dont ils seront les promoteurs, les bénéficiaires