Pourquoi avez-vous décidé de rentrer maintenant en Italie, en sachant que la prison vous attend?
Toni Negri: Je rentre pour signifier la fin des «années de plomb», et la nécessité de libérer tous les camarades encore en prison et ceux qui sont en exil. En prison il y a environ 200 personnes. On compte un nombre à peu près égal d'exilés, installés pour la plupart à Paris, que les gouvernements, de gauche comme de droite, ont accueillis sur le sol français et dont ils n'ont pas autorisé l'extradition. En Italie, le régime constitutionnel est en voie de modification et le passage à la IIe République impose de sortir les squelettes des placards de la première. Il est également évident que la persistance des lois antiterroristes est en contradiction avec la présence de l'Italie dans une Communauté européenne d'Etats de droit. Je n'ai pas d'autres raisons que politiques de rentrer en Italie et donc en prison. J'espère évidemment que le temps de mon incarcération sera le plus bref possible, afin de devenir au plus vite un citoyen européen. Mais cela dépend du soutien de l'opinion publique italienne et internationale.
Vous avez été condamné pour constitution de bande armée. Quel type de responsabilité revendiquez-vous?
J'ai été condamné pour bande armée et association subversive, après quatre ans et demi de prison préventive et après avoir été élu à la Chambre des députés. On m'a accusé d'avoir assassiné Moro, d'être le chef des Brigades rouges et le cerveau politique qui faisait la l