Menu
Libération
Critique

L'enterrement d'une vie de garçon. Le Britannique Denton Welch, mort à 33 ans, laissa une oeuvre brève , scintillante et tournée vers l'enfance. Denton Welch. Soleils brillants de la jeunesse. Traduit de l'anglais par Michel Bulteau, éditions Viviane Hamy, 212 pp., 129 F.

Article réservé aux abonnés
publié le 10 juillet 1997 à 6h06

L'oeuvre de Denton Welch est brève, comme le fut sa vie, la première

donnant à voir, le temps de trois romans et d'un journal intime, une scintillante et juvénile suite magique absurdement interrompue. Car Welch, mort à trente-trois ans des suites d'un accident survenu alors qu'il en avait dix-huit, entamait déjà le parcours qui eût fait de lui l'égal d'un Forster ou d'un Waugh. Né le 29 mars 1915 à Shanghai, Denton est le plus jeune des quatre fils d'un commerçant anglais plutôt aisé. Sa mère est une femme évanescente et snob qui meurt lorsqu'il a treize ans. Il est alors envoyé dans un collège anglais dont il ne supporte ni la discipline ni l'ambiance. Il incarne alors par anticipation le héros de son second roman, Soleils brillants de la jeunesse, composé en 1945 et qui reflète le souvenir ébloui de courtes vacances en compagnie de son père et de ses frères dans un hôtel pittoresque des bords de la Tamise. Orvil Pym, le héros, a quinze ans, et sa sensibilité déjà un tantinet déviante fait surgir d'un décor assez banal ­ la salle de bal de l'hôtel, les rues du village, un magasin d'antiquités, le petit lac proche ­ une myriade d'expériences. La première étape de ce voyage en rond est la relation difficile d'Orvil avec ses frères aînés, qu'il adore et qui le repoussent gentiment, de façon presque animale. Son flirt avec Aphra, l'égérie des «grands garçons» de l'hôtel, révèle avec une certaine cruauté son interprétation narcissique de la séduction féminine. Puis, canotant su