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Libération
Critique

Soupault-canard. Dernier tome des mémoires du cofondateur du surréalisme, où, après ses déboires littéraires, il s'essaie avec talent et clairvoyance au grand reportage et s'inquiète de la montée du nazisme. Philippe Soupault. Mémoires de l'oubli 1927-1933. Editions Lachenal & Ritter, 200 pp., 120 F.

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publié le 10 juillet 1997 à 6h19

Alors qu'on célèbre le centenaire de sa naissance, voici le

troisième et dernier volume des mémoires inachevés de Philippe Soupault, surréaliste de la première heure, mais qui resta jusqu'à sa mort en 1990 un homme rétif à tout enrôlement, esprit indépendant s'il en fut, inclassable, définitivement rebelle. Contrairement à ce qu'il avait fait ­ avec le concours de son amie éditrice Lydie Lachenal ­ pour les deux premiers tomes (années 1914-1927), Philippe Soupault n'a pas eu le temps de relire et de corriger cette dernière partie, écrite d'un jet à la fin des années 60, et qui est donc publiée dans l'état, sans autre remaniement que la suppression des redites qu'il avait demandées par écrit.

Ce volume porte sur les années 1927-1933. A trente ans, l'écrivain traverse une passe difficile. Eloigné de ses anciens amis surréalistes, fraîchement accueilli pour ses romans (En joue!, le Coeur d'or, le Nègre ) ou son livre de souvenirs (Histoire d'un Blanc), ayant le sentiment de se «disperser» dans de multiples travaux de commande (c'est à Soupault qu'on doit le premier essai en français sur le peintre florentin Paolo Uccello), il se sent «tout à fait libéré» après le scandale du Grand Homme: un roman faisant de son oncle Louis Renault, l'inventeur des voitures du même nom, un portrait fidèle mais bien peu flatteur. Grasset et Calmann-Lévy refusent le roman, publié finalement chez Kra, et ledit «Grand Homme» se retient à grand-peine de «faire casser la gueule» à son neveu «par des anc