Quand avez-vous découvert Faulkner?
J'avais lu Faulkner dans de mauvaises traductions vers l'âge de 17 ans, mais je me suis mis vraiment à le lire à 30 ans, directement en anglais. Ce fut une découverte très forte, équivalente à celle de Jane Austen ou de Melville. Depuis, je ne cesse de le relire, même si je lui préfère Tolstoï et Tchekhov. Je le lis parce qu'il me donne envie d'écrire, ce qui n'est pas le cas de tous les écrivains que j'aime ou que j'admire. Il y a trois auteurs qui me donnent envie d'écrire: Proust, Austen et Faulkner. Mais c'est Faulkner qui est pour moi le meilleur démarreur, le meilleur starter, comme on dit à propos d'un moteur de voiture.
Pourquoi?
Faulkner me donne envie d'écrire parce que j'ai toujours envie de le corriger. Il me stimule par ses imperfections, ses exagérations, la pompe de ses adjectifs, bref, par tous ses défauts. Une écriture parfaite donne envie de se taire, et Faulkner n'est pas parfait, heureusement. C'est ce mélange de qualités et de défauts qui fait sa grandeur. C'est un écrivain qui s'expose beaucoup plus que les autres. Il ne cache rien, ni de ses qualités ni de ses défauts. On voit tous les clous. Mais aussi toutes les pépites. Quand on le lit, on commence à comprendre ce que c'est qu'écrire. Rien ne vaut Faulkner pour qui veut débuter en écriture. Curieusement, malgré une sincérité totale, il ne donne pas l'impression d'être très conscient de ce qu'il faisait: en cela, il n'est pas comme Proust ou Dickens, qui étaient d'u