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Libération
Critique

Signé Siniac. Né en 1928, admiré par Manchette, Pierre Siniac a mis son amour de la langue au service d'une vision effrayante des engrenages de la société. Pierre Siniac, Femmes blafardes, Rivages Noir, 265 pp., 55F. Ferdinaud Celine Rivages Thriller, 400 pp., 135F.

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publié le 4 septembre 1997 à 9h44

Ce qui m'intéresse, c'est le moment où dans cette littérature-là, il

y a un monsieur qui sait parfaitement s'appuyer la "forme thriller (comme diraient les idéologues), et qui en même temps fait dedans quelque chose de tout à fait personnel. J'aime beaucoup que tu puisses doser de manière à tantôt habiter la "forme thriller en la respectant, tantôt la concasser tout à fait... écrivait Jean-Patrick Manchette à Pierre Siniac dont il aimait diablement les livres (1).

Pour comprendre ses sentiments, il n'y a qu'à lire le chef- d'oeuvre de Siniac, Femmes blafardes, un livre sombre et étrange que l'écrivain parisien né en 1928 a d'abord publié en 1981 et qui vient d'être réédité en poche. On y fait connaissance avec Sylvain Chanfier, détective privé, qui s'est perdu dans le centre-ouest de la France et a atterri malgré lui dans une petite ville secouée par une série de crimes sadiques, signés à chaque fois par un éventail. Emoustillé par le mystère, Chanfier s'attarde dans ce bled perdu. Trop pour son patron qui le vire. Tant pis! L'ancien détective se fait journaliste et s'obstine à mener une enquête qui ne le laissera pas indemne. Résumé ainsi, Femmes blafardes semble un polar des plus classiques. Trompeuses apparences. Si le roman pousse à l'extrême les plaisirs du genre ­notamment une intrigue en forme de mécanique infernale­, il les enrobe et les détourne avec subtilité. Il y a d'abord cette langue précise et vive qui est celle de Siniac. Cet autodidacte, ancien trimardeur, m