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Libération
Critique

Se voir chez les Grecs. Une réflexion en miroir, dédoublée et parfois divergente, sur le concept d'identité dans la Grèce ancienne, par Françoise Frontisi-Ducroux et Jean-Pierre Vernant. Françoise Frontisi-Ducroux, Jean-Pierre vernant. Dans l'oeil du miroir. Editions Odile Jacob, 298 pp., 145 F.

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publié le 11 septembre 1997 à 9h17

Aux femmes l'usage, aux hommes la réflexion sur le miroir: chez les

Grecs anciens, cet objet aux étonnantes propriétés est signe sans équivoque de féminité, et il est interdit aux hommes de s'y mirer s'ils ne veulent pas que leur identité se brouille dangereusement. A cette question de l'identité en Grèce ancienne, Françoise Frontisi-Ducroux et Jean-Pierre Vernant consacrent, Dans l'oeil du miroir, un livre à deux voix où parfois la vision de l'un et de l'autre diverge, comme pour rappeler que l'histoire peut être différente si à la raconter on est une femme ou un homme. En ouverture et en clôture, Jean-Pierre Vernant raconte la progressive reconquête par Ulysse de son identité à son retour à Ithaque. Dans la partie centrale, Françoise Frontisi-Ducroux étudie les fantasmagories du miroir à travers ce qu'en ont dit philosophes, physiciens, poètes et historiens, intellectuels et artistes" Elle oriente surtout son enquête dans une direction particulière, «en cherchant dans le miroir quelques réponses à l'identité féminine et au rôle de chacun des deux sexes, au niveau des représentations collectives, bien plus qu'à celui des pratiques concrètes, qui ne nous sont guère accessibles».

Ulysse met vingt ans pour rentrer chez lui, depuis le jour de son départ pour Troie. Dix ans passés à batailler pour se faire un nom et dix autres pour le retrouver. Après l'épisode de Polyphème, le héros aux mille ruses devient vraiment «personne». Pendant dix ans il est porté disparu, comme englouti