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Libération
Interview

«Je me suis trouvé dans l'oeil du cyclone»

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«Un puzzle est un jeu ou un travail dont on peut venir à bout. Pour ce qui concerne la mémoire, c'est impossible. Ce n'est jamais fini, il reste toujours des trous.»
publié le 18 septembre 1997 à 8h19
(mis à jour le 18 septembre 1997 à 8h19)

Dès la première page, on est frappé par la forme du livre: la page est typographiquement partagée en plusieurs parties permettant une lecture simultanée de plusieurs épisodes.

J'ai essayé de donner une image de l'imbrication de souvenirs les uns dans les autres. On pourrait dire que le livre est construit comme le portrait d'une mémoire, avec ses circonvolutions, ses associations, ses retours sur elle-même, etc. La difficulté de la chose est que l'écriture ne permet de présenter que les uns après les autres les événements, les actions ou les images qui se bousculent et s'imbriquent ainsi. J'ai tenté un assemblage de ces «lopins» qui nous constituent, selon le mot de Montaigne, lequel emploie aussi pour ce travail le mot «fagotage» qui me plaît assez.

La mémoire est-elle comme un puzzle?

Non, pas un puzzle. Un puzzle est un jeu (ou un travail) dont on peut venir à bout. Pour ce qui concerne la mémoire, c'est impossible. Ce n'est jamais fini, il reste toujours des trous.

Le livre se termine par l'évocation d'un projet de film tourné à partir de certains passages du livre. Vous donnez un découpage précis. Est-ce à dire que le cinéma rendrait mieux compte de cette forme spécifique de la mémoire?

Oui. Mais s'il était mieux employé. Ce peut être un instrument formidable. Malheureusement, avant d'être un art, c'est aujourd'hui une industrie. Dans ce cadre (profit ou propagande), il a suscité de grands talents, comme par exemple Eisenste