Menu
Libération
Critique

La baise des cochons. A Cuba, le sexe est une des rares denrées pas rare. Zoé Valdés le prouve. Zoe Valdés, La douleur du dollar, Actes Sud, traduit de l'espagnol (Cuba) par Liliane Hasson,350 pp., 128 F.

Article réservé aux abonnés
publié le 18 septembre 1997 à 8h20

A Cuba il y a Castro, la politique, la salsa, le sexe et le soleil.

Pour être complet il faut ajouter les langoustes, le rhum et l'humour. Mais les langoustes et le rhum sont pour l'exportation. Seuls le sexe, le soleil, Castro et l'humour sont à la fois destinés au marché intérieur et à celui de l'étranger. Prenons l'humour. Celui de la rue havanaise permet au peuple d'oublier les déceptions de tous les jours, le néant quotidien (1). Il est fait de maximes simples et connues du genre «le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme et le socialisme c'est l'inverse.» Et de délires. L'humour des intellectuels n'est pas différent, il est d'ailleurs nourri par la rue. Simplement il permet de construire des histoires plus complexes. Comme la Douleur du dollar, roman mélo drôle. Zoé Valdès, Havanaise de 38 ans qui vit depuis quelques années à Paris, y retrace avec entrain le destin triste d'une jeune fille, Caridad Martinez, que l'on appelle Cuca (presque Cuba donc). Débarquée de sa campagne dans la capitale et devenue une très belle jeune femme, cette Cuca, femme de ménage de son état, passe une soirée dans une boîte de nuit et tombe folle amoureuse d'un habile danseur nommé Juan Perez, alias le Ouane. Vient la révolution castriste. Elle reste. Lui, plus ou moins maffieux, lié au bizness du plaisir, part en Floride. Mais, comme dit Cuca, son fantôme la poursuit partout. Elle met au monde une fille, Maria Regla, qui devient, sous le règne de la morale révolutionnai