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Libération
Critique

Jours de l’I.S.

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Elégance, insolence, exclusion, subversion: réédition de l’album mythique de la revue de l’Internationale situationniste.
publié le 25 septembre 1997 à 8h49

Les situationnistes n’ont jamais été autant à la mode. Et on oublie de les lire. La réédition de leur revue, l’Internationale situationniste, est donc bienvenue. L’Internationale situationniste, ce sont douze numéros, parus sur onze ans, de 1958 à 1969. Un témoignage de l’évolution d’un groupe devenu mythique. On peut y voir comment une mouvance radicale dans l’art européen (Asger Jorn, Pinot-Gallizio, Constant) s’unissant avec une dissidence du lettrisme (Debord) donna naissance au gang le plus élégant et joyeux de l’extrême gauche européenne. Puis comment se développa sa critique des nouvelles formes de la société bourgeoise, dans l’Ouest «libéral» (le spectacle diffus) comme dans l’Est néostalinien (le spectacle concentré).

Lire l’IS c’est aussi la possibilité de préciser qu’au contraire du mot situationniste, le situationnisme est un «vocable privé de sens, abusivement forgé...»; de revenir sur les concepts fondateurs comme la dérive ­ «Une ou plusieurs personnes se livrant à la dérive renoncent, pour une durée plus ou moins longue, aux raisons de se déplacer et d’agir qu’elles connaissent généralement, aux relations, aux travaux et aux loisirs qui leur sont propres, pour se laisser aller aux sollicitations du terrain, des rencontres qui y correspondent» ­ ou la situation construite: «Moment de la vie, concrètement et délibérément construit par l’organisation collective d’une ambiance unitaire et d’un jeu d’événements.» C’est aussi s’apercevoir que l