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Libération
Interview

«L'emploi du temps n'est plus le temps de l'emploi».

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publié le 25 septembre 1997 à 8h45

Le thème du travail est aujourd'hui central. Dans quelle optique

l'abordez-vous?

J'essaie d'envisager le terme ultime auquel, en vertu de leur logique propre, mènent les mutations présentes. Or cette logique débouche sur l'abolition du salariat et du capital, selon des modalités qui sont d'ailleurs celles que prévoyaient les Grundrisse de Marx et que reconnaissent aujourd'hui certains penseurs patronaux «subversifs». Il faut se placer dans cette perspective et se demander ce qu'on peut faire pour s'approprier le travail, pour avancer dès à présent dans le sens de cette appropriation. Il faut se retirer mentalement de la société salariale, de la société de travail comme seule forme de société: voilà ce que j'appelle l'Exode. Le premier acte de tout changement politique, de toute transformation de la société, est un changement culturel. La première tâche, c'est la production de ce que Felix Guattari appelait la subjectivité: la création de nouvelles socialités qui ne soient fondées ni sur l'échange marchand ni sur la vente de la force de travail.

Vous parlez également de l'«Exode du capital», pour indiquer que le capital s'est dégagé de sa dépendance de l'Etat et que l'Etat s'est mis au service des entreprises. Faut-il voir, derrière cela, un «cerveau capitaliste»?

Le sens de ce qui se passe actuellement n'apparaît que si on fait en effet l'hypothèse d'un acteur. Ce n'est pas un processus naturel qui nous est tombé du ciel. Il s'agit d'un contre-projet du capital, qui, dès le débu