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Critique

Aveux et châtiments. Disciple préféré de Freud, le Viennois Theodor Reik était fasciné par le crime et s'est interrogé, en s'appuyant sur l'anthropologie, la littérature et ses archives de faits divers, sur «Le besoin d'avouer». Theodor Reik. Le besoin d'avouer. Psychanalyse du crime et du châtiment. Traduit de l'anglais (Etats -Unis), par Sylvie Laroche et Massimo Giacometti, Petite bibliothèque Payot, 406 pp., 75 F.

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publié le 2 octobre 1997 à 11h11

Parmi ses nombreux disciples, Theodor Reik (1888-1969) est celui que

Freud aima le plus et qui l'aima encore plus. Et, d'amour, ce juif hongrois mélancolique, en perpétuelle balance entre les plus noires déprimes et les enthousiasmes les plus communicatifs, était en quête et en offrande permanentes. Reik (dont on réédite le Besoin d'avouer) poussait l'adoration pour Freud jusqu'à s'habiller comme lui, se couper la barbe comme lui, parler comme lui, fumer les mêmes cigares que lui" Mais Reik était aussi un extraordinaire mélomane, un passionné de littérature et d'anthropologie dont l'énorme érudition avait le pouvoir de subjuguer le «Doktor» viennois. Reik était arrivé à la psychanalyse après des études de lettres à l'université de Vienne, et avoir rédigé une thèse sur la Passion de saint Antoine de Gustave Flaubert. Il était alors tellement pauvre, que Freud ­ ne voulant pas le prendre en analyse­ lui avait payé un autre analyste. Quand on accusa Reik d'exercice illégal de la médecine en 1925, parce que sans être médecin il pratiquait l'analyse, Freud prit sa défense non seulement devant le tribunal mais aussi au sein du mouvement psychanalytique, qui était très partagé sur la question. Désormais célèbre, celui que Freud considérait comme son fils spirituel, quittera, comme son maître, l'Allemagne, après l'arrivée au pouvoir du nazisme. En 1938 Theodor Reik s'établira aux Etats-Unis, où non sans difficulté il exerça son métier d'analyste et travailla à la mémoire des années