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Libération
Critique

Le Fanu, c'est fantastique.Traduction intégrale du chef-d'oeuvre d'un Irlandais mort au siècle dernier, maillon essentiel de l'histoire du récit de terreur. ShEridan Le fanu, L'Oncle Silas, Traduit de l'anglais par Jacques Finné, Corti, 610 pp., 150 F. Shalken le peintre (nouvelles) Traduites de l'anglais par Jacques Finné, Corti, 312 pp., 120 F.

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publié le 9 octobre 1997 à 11h35

Henry James, décrivant dans une de ses nouvelles l'arrivée chez des

amis de province de son héros, précise que celui-ci trouve «sur la table de chevet de la chambre qui lui est dévolue un roman de Sheridan Le Fanu, lecture idéale en cas d'insomnie». Et, poursuit le malicieux et peut-être un peu jaloux romancier, le personnage se retrouve bientôt plongé dans le livre au point d'arriver en retard au souper...

C'est un autre James, l'excentrique prévôt d'Eton Montague Rhode James, auteur d'admirables histoires de fantômes parues au début de ce siècle, qui devait, en 1923, donner ses lettres de noblesse à l'un des romanciers et nouvellistes les plus originaux et les plus inquiétants de l'époque victorienne, en réunissant sous le titre le Fantôme de madame Crowl un florilège de sa fiction fantastique. Mais, le temps passant, on a un peu perdu de vue le prolifique Le Fanu, maillon indispensable dans la chaîne séculaire du récit de terreur qui, des gothic novels de Mrs Radcliffe aux best-sellers de Stephen King et Peter Straub, n'a cessé d'alimenter les cauchemars de millions de lecteurs. La traduction intégrale, enfin, du chef-d'oeuvre de Le Fanu, assorti d'un recueil de ses meilleurs contes, permet de mieux saisir l'importance de ce maître des effets spéciaux littéraires.

Né à Dublin le 18 août 1814 dans ce creuset magique d'où sont aussi sortis Wilde et Bram Stoker, Joseph Sheridan Le Fanu est le fils d'un pasteur, le petit-fils d'un acteur de mélodrame et le petit-cousin du dramat