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Libération
Portrait

Quasi modeste

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Amélie Nothomb, 30 ans. Son roman «Attentat» est la métaphore d'un milieu littéraire dont elle se veut le Quasimodo.
publié le 9 octobre 1997 à 11h35
(mis à jour le 9 octobre 1997 à 11h35)

Amélie Nothomb est «le seul écrivain au monde capable de retourner ses pouces à 180 degrés». A part cette laxité, chez cette jeune romancière tout se tient, tout s'explique. «Le matin, de même que les vaches éprouvent le besoin d'être traites, j'éprouve le besoin d'écrire, sinon ça va très mal.» Côté succès littéraire, la «vache à écrire» se porte plutôt bien. A 30 ans, l'auteur d'Attentat, tiré à plus de 70000 exemplaires depuis sa sortie, a déjà «donné» trente-deux romans. Six seulement ont été publiés. «Dois-je préciser que je ne me glorifie absolument pas de ces chiffres, qu'il s'agit d'une situation totalement pathologique que je ne contrôle plus?» précise sur le champ l'écrivain-phénomène. Amélie Nothomb, silhouette noirâtre de la chevelure permanentée aux pieds bottillon, se dit enceinte de ses romans. 365 jours sur 365, avec un taux de fécondité avoisinant les 3,7 bébés-bouquins par an.

Nous voilà donc dans la pathologie exhibée. Evidente chez cet auteur de contes cruels qui, à 7 ans, concevait le désir de devenir martyr. Mais ce genre de chose, comme la sagesse, vient sans doute avec l'âge. Pour l'instant Nothomb dit ne pas avoir assez «d'éléments crédibles» pour son «dossier». «Je me suis pas mal fait étriper par les critiques, mais ce n'est pas suffisant», explique-t-elle dans un rire hennissant. Il est vrai que jusqu'ici les critiques se sont plus interrogés sur Amélie et ses vomissures, Amélie et son anorexie, que sur Amélie et son écriture. Peut-être parce que d