Best-seller mondial, la Fin du travail de Jeremy Rifkin est
probablement un des livres les plus discutés de cette fin de siècle. Aux Etats-Unis bien sûr, où il est paru en 1995, mais aussi en France où la traduction a été publiée, avec une rare promptitude, il y a juste un an. Depuis, les ouvrages contre «la fin du travail» se succèdent, sans qu'on sache toujours si l'on s'en prend à Rifkin ou au phénomène qu'il dénonce. L'édition de poche, bienvenue, permet un retour sur le livre et sur le débat qu'il a suscité.
Intellectuel prophétique pour les uns, charlatan non dénué de talent pour quelques (rares) autres, Jeremy Rifkin est un économiste qui a fait partie du staff des conseillers du président Clinton, notamment à l'époque où le ministre du Travail était Robert Reich, brillant économiste lui aussi. La thèse centrale du livre que les machines et les systèmes automatiques de production de biens et de services remplaceront de plus en plus le travail humain jusqu'à le faire disparaître oscille entre un noir pessimisme et un optimisme raisonnable. Cette thèse est aussi vieille que la première révolution industrielle et l'invention du métier à vapeur, affirment les détracteurs, lesquels continuent à voir dans le chômage massif et persistant frappant l'économie occidentale une phase destinée à se résorber, comme il est arrivé en d'autres périodes de mutation technologique. Pour Jeremy Rifkin, en revanche, l'industrie émergente du savoir et de l'information ne pourra absorber