Dans votre livre, vous accumulez des extraits de Gilles Perrault, mais sans dire quelle serait, au fond, la logique de leur auteur...
Je ne peux pas répondre à cette question. Je dis juste que son parcours est bizarre. Si Perrault était resté à ses romans historiques, il aurait pu aller voir la CIA ou je ne sais quoi, je n'en ai rien à foutre. Mais quand Perrault devient un personnage politique, il y a un problème. C'est la découverte d'affaires qui a tué la politique. On en a marre des histoires Mitterand-Bousquet, etc. Ce que je fais, c'est contre le négationnisme, contre les coups à la Garaudy-abbé Pierre.
Quel but personnel poursuivez-vous?
Aucun. Je suis dans la colère, le rejet, le dégoût. Pas dans la politique. C'est désespérant de se battre dans son propre camp mais nécessaire. Aujourd'hui, des idées d'extrême droite ont gangrené certains secteurs à gauche. Il faut se battre. Je me suis dit: je ne peux pas continuer à militer à Ras l'Front si le gars qui dirige Ras l'Front se présente avec des fascistes aux élections. Et on me dit: «Ferme ta gueule, tu vas désespérer Billancourt.» Non, on règle ça d'abord, et après on marche. Tout de même, votre livre est unilatéral...
Ça fait quarante ans qu'on cherche à comprendre Gilles Perrault. Qu'on nous le sert comme le défenseur des justes causes. Mais quand on y regarde de plus près, on s'aperçoit qu'il y a tout le contraire aussi, présent depuis ses débuts. Moi, au bout de quarante ans, j'ai juste 150 pages pour le dire. A propos des élections de 1994, vous avez vous-même prévenu Gilles Perrault de la présence de militants d'extrême droite sur sa liste. Pourtant vous avez organisé un déjeuner