Avant que la sculpture en cire ne devienne pour Kant «ce corps vil,
repoussant qui permet de démontrer la différence entre art et non-art», bien avant qu'elle n'appartienne à la fête foraine et au musée Grévin, elle aura connu une fortune considérable, de l'Antiquité romaine à la Révolution française. C'est cette Histoire du portrait en cire que retrace Julius von Schlosser (1866-1938), pour qui, dans les productions éphémères d'un carnaval, «il entre souvent plus d'art authentique que dans maints monuments du zèle académique». C'est ainsi que l'historien concluait son célèbre article sur le portrait en cire paru en 1911, justifiant in fine son goût pour le non-art, en tout cas son anticlassicisme déclaré. En quoi il est bien un représentant de cette histoire de l'art viennoise dont les figures tutélaires ont toutes contribué à réhabiliter de larges territoires de l'art occidental. Julius von Schlosser sera d'ailleurs le premier historiographe de cette école de Vienne qui comptera parmi ses représentants Ernst Gombrich.
La technique du moulage est attestée chez les Romains pour l'empreinte du masque mortuaire et Pline évoque un certain Lysistratus de Sicyone qui s'attachait à obtenir la ressemblance non seulement à l'aide du moulage mais aussi en accentuant les traits à l'aide de retouches. Le retour au portrait idéalisé, c'est-à-dire l'abandon de cette «fidélité du vivant», se situe après le règne de Dioclétien. Or, c'est bien cette fidélité qui est le signe du pouvoir magiqu