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Libération
Critique

Ma sorcière mal-aimée. Longtemps tolérées , les sorcières ne furent traquées qu'à partir du XVIe siècle, à l'aube de notre modernité. Guy bechtel. La sorcière et l'Occident. La destruction de la sorcellerie en Europe des origines aux grands bûchers. Plon, 734 pp., 198 F.

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publié le 30 octobre 1997 à 10h55

Dans La sorcière et l'Occident:, Guy Bechtel remonte aux origines

«magiques» de la sorcellerie. Il explique ainsi que les sorciers du Moyen Age ont des ancêtres, et descendent même d'une haute lignée: celle des dieux grecs Asclépios, Héphaïstos, Hermès, ou encore Dionysos... qui sont eux-mêmes tous les enfants de la déesse lunaire Hécate,«la première divinité maîtresse des sorts». Les Bacchantes et les Ménades, «magiciennes séductrices portant des serpents enroulés autour des bras et se prosternant devant la statue d'Hécate en exécutant des danses lascives», en sont les prêtresses, et les Érinyes viennent pratiquer la divination auprès d'elles. De cette généalogie, il ressort d'abord que la sorcellerie est d'essence féminine. Cette féminité restera dans les mémoires au fil des siècles, au point qu'aux époques de grandes «chasses aux sorcières» on comptera effectivement toujours un très fort pourcentage de femmes devant les juges et sur les bûchers.

En second lieu, l'enquête révèle la nature exotique de la magie. Les dieux magiciens tiennent leurs dons d'Isis l'Egyptienne, de Mithra la divinité perse, d'Astarté la Syrienne. Cette indication permet de comprendre que ces fameuses «chasses aux sorcières» occidentales se sont toujours pensées comme des réactions à des menaces extérieures, comme des combats contre un Autre qui mettrait en péril l'identité d'une culture (c'est le combat de l'Eglise contre l'hérésie cathare), l'intégrité d'un espace géopolitique (ainsi l'Amérique de M