Philosophe politique et intellectuel engagé, Michael Walzer commence
à être connu en France (1). A travers la traduction des ses ouvrages (2) mais aussi par ses interventions assez régulières dans la revue Esprit (2). Classé du côté des communautaristes américains, et parmi les critiques de John Rawls, il propose en réalité une troisième voie, pluraliste. Il est vrai que Walzer ne s'appuie pas sur les mêmes disciplines académiques que Rawls (l'histoire et l'anthropologie plutôt que l'économie et la psychologie sociale) et il revendique de surcroît une double dérivation intellectuelle: la pensée moderne mais aussi la tradition juive dont il veut dégager la philosophie politique latente. Né en 1935, élève de Isaiah Berlin, ancien opposant à la guerre du Viêt-nam, Michael Walzer est professeur de sciences politiques à l'Institute for Advanced Study de Princeton. De lui parait Sphères de justice, son essai à ces jours le plus marquant et, précédé d'un texte de Joël Roman, un recueil d'articles fort utile pour approcher les multiples facettes d'une oeuvre originale.
Pour Walzer, c'est la participation à la distribution des biens qui caractérise toute existence sociale. Des biens matériels évidemment mais aussi des biens symboliques et plus généralement l'ensemble des rôles, places et valeurs qu'une société peut proposer à ses membres. Ces divers biens appartiennent à des «sphères» différentes et sont distribués selon certains critères principalement le marché, le mérite, le besoi