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Critique

Le Clézio à clés

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Comment, dans la jungle panaméenne, puis dans le désert marocain, Le Clézio a trouvé l'harmonie en étant confronté à ses propres limites. Deux récits initiatiques.
publié le 27 novembre 1997 à 12h52

Si l'on connaissait de longue date l'intérêt, voire la passion, de J.M.G. Le Clézio pour les sociétés mexicaines et amérindiennes, on en ignorait l'origine. La fête chantée, recueil d'articles sur les Mayas, Aztèques et autres civilisations perdues d'Amérique centrale, donne peut-être une clé: entre 1970 et 1974, alors âgé de 30 ans, J.M.G. Le Clézio a vécu à plusieurs reprises parmi une peuplade amérindienne, dans la jungle panaméenne et cette expérience, révèle-t-il aujourd'hui, a changé toute sa vie, ses idées sur le monde et sur l'art, «ma façon d'être avec les autres, de marcher, de manger, d'aimer, de dormir, et jusqu'à mes rêves». A cette époque, le jeune écrivain ne se souciait pas d'écologie et ne connaissait rien ou presque de l'Amérique: «Je fuyais la vie agressive des grandes villes, à la recherche de quelque chose que j'ignorais. (...) D'une certaine façon, j'attendais de rencontrer quelque chose, ou quelqu'un, qui me permettrait de sortir de mes obsessions et de trouver une paix intérieure.»

Pendant ses séjours chez les Embaras et les Waunanas, Le Clézio assista à la «fête chantée», rite annuel de guérison au cours duquel, pendant parfois plusieurs jours et plusieurs nuits consécutives, les chamans s'efforcent de guérir les malades de la communauté. Pour lui, il ne s'agissait pas seulement d'une cérémonie curative, mais aussi de «la recherche d'un équilibre perdu, d'une vérité universelle». Par ce rituel, explique-t-il, «les Amérindiens m'avaient montré une tell