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Profession rapporteur

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Henry James a-t-il tué lady Di ? Forte de tirages impressionnants, la presse du début du siècle n'hésitait pas à exploiter sans aucune retenue heurs et malheurs des grands - et petits- de ce monde.
publié le 27 novembre 1997 à 12h51

Lorsque James publie les Journaux en 1903, la presse occidentale vit ce qu'il est convenu d'appeler son âge d'or. Libérés de la censure, portés par un train continu d'innovations techniques (rotatives, téléphone, linotype) et soutenus par un public désormais alphabétisé, urbanisé et affamé de «nouvelles», les journaux sont entrés dans l'ère de la médiatisation industrielle et connaissent une audience, une influence et des tirages qui resteront inégalés. En Angleterre, les quotidiens populaires à demi-penny comme l'Evening News (1881), le Star (1888) ou surtout le Daily Mail (1896) approchent les cinq millions d'exemplaires en semaine, dix millions le dimanche. Les tirages quotidiens sont supérieurs en France (près de six millions) pour les journaux à un sou, dynamisés par l'immense succès des quatre grands (Le Matin, Le Petit Parisien, Le Journal, Le Petit Journal). Le phénomène est encore plus net aux Etats-Unis, où il fut plus précoce. Dans le sillage de titres comme le New York Sun (1833) ou le New York Herald (1836), les nouveaux journaux à un cent contre le New York World de Pulitzer (1883) ou le New York Journal de Hearst (1895) emportent un marché qui représente chaque jour plus de 24 millions d'ex-emplaires (1). Les yeux rivés sur l'encre fraîche des manchettes, l'Occident vit au rythme des pulsations mécaniques du journal, cette usine à nouvelles qui ne souffre alors d'aucune concurrence.

Une telle croissance, qui procédait autant d'un souci commercial que du désir d