C'est un livre tragique, plein de bruit, de fureur, de massacres, de
trahisons, de héros parfois lucides d'autres fois imbéciles, de femmes et d'hommes floués, de salauds patentés et évidemment de prophètes désarmés, qu'a écrit Pierre Broué. Un vrai contrechamp du Livre noir du communisme qui retrace l'histoire de ce qu'avant lui on appelait le Komintern. Komintern... le terme fait russe ou allemand. Alors, fidèle à sa langue maternelle, Broué le rebaptise «la Comintern», acronyme fidèle d'Internationale communiste. Il en évoque les prologues: la révolution bolchevique , mais aussi la guerre de 14-18, vingt millions de morts, pour quoi? Une boucherie telle qu'elle fera naître une aspiration violente et massive à autre chose. A Berlin, au début de 1919, les spartakistes se soulèvent. La répression menée par les sociaux-démocrates Ebert et Noske des humanistes sera sanglante. Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht sont torturés et tués. A la même époque, à Moscou, parrainée par les bolcheviques, naît l'Internationale communiste, ce qui doit être l'état-major de la révolution mondiale. Un conglomérat de partis et de groupes de tous pays qui veulent suivre l'exemple de la révolution russe. L'IC pense que l'année qui vient sera celle de l'effondrement du capitalisme en Europe. Des soulèvements se produisent en effet en Allemagne, en Hongrie, en Bavière, en Pologne... Mais malgré des soubresauts violents, le capitalisme tient le coup. Entretemps, en Russie, la guerre civile se p