Menu
Libération
Critique

Racisme sans race. Norbert Elias et John L. Scotson. Logiques de l'exclusion. Traduit de l'anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat, avant-propos de Michel Wieviorka, Fayard 280 pp., 120 F.

Article réservé aux abonnés
publié le 4 décembre 1997 à 15h08

Faites à un groupe une mauvaise réputation, il aura tendance à s'y

conformer, écrit Norbert Elias. L'intérêt paradoxal de cette monographie, souligne encore Michel Wieviorka dans sa préface, réside dans le fait qu'«elle aborde concrètement les problèmes fondamentaux du racisme, de la ségrégation et des rapports d'exclusion sociale sur un terrain où l'on ne s'attend pas à rencontrer les problèmes de la race et de l'ethnicité». Ce texte s'est constitué, par strates successives, sur une durée d'une trentaine d'années et n'a pu trouver que tout récemment la forme que les auteurs avaient voulu lui donner. A l'origine il y a une étude menée à la fin des années 1950 dans une communauté ouvrière proche de Leicester, en Angleterre, par John Scotson, un instituteur qu'intéressait la délinquance juvénile. Norbert Elias s'employa par la suite à remanier cette recherche pour expliquer les processus qui amènent un groupe social à monopoliser les rouages du pouvoir pour exclure et stigmatiser les membres d'un groupe semblable. Dix ans plus tard, Norbert Elias dicta une longue introduction inédite pour la traduction hollandaise du livre. Cet essai théorique sur les relations entre established et outsiders, établis et marginaux, montre comment on peut appliquer son modèle à une gamme de configurations sociales mettant en jeu toutes sortes d'inégalités: relations entre classes, groupes ethniques, colons et colonisés, hommes et femmes, parents et enfants, homosexuels et hétérosexuels, bref, ces