A l'heure où le procès Papon provoque un retour presque quotidien
sur la participation de l'administration française à l'extermination des juifs d'Europe, il est indispensable de lire l'Allemagne nazie et les juifs de l'historien Saul Friedländer. Pour rappeler que la France de Vichy a été prise dans l'engrenage d'une incroyable machine de mise à mort industrielle. Incroyable pour tous, y compris pour les victimes. Dans ce tome 1 d'une recherche en deux volumes, Les Années de persécution (1933-1939), Friedländer décrit pour la première fois dans le détail, au jour le jour, les relations entre l'Allemagne et les juifs en ces débuts du IIIe Reich. La narration s'appuie sur des archives inédites et nous plonge dans un univers où le «normal» cache la plus grande des anormalité, où personne ne peut anticiper sur la suite des événements. Les nazis procèdent par étapes, excluant d'abord les juifs de certains secteurs de la société allemande puis accélérant les persécutions à partir de 1935, les rejetant de la vie sociale allemande il leur est par exemple interdit de se marier ou d'avoir des relations sexuelles avec des «aryens». Friedländer, contrairement à d'autres historiens, ne croit pas que le national-socialisme avait l' «intention» d'exterminer les juifs, mais décrit plutôt un enchaînement, une «improvisation»: «Il y avait dans cette folie une logique interne, inébranlable. Mais l'idée était alors de forcer les juifs à quitter l'Allemagne, pas de les tuer. Comme les juifs