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Libération
Interview

Chavarrria, label hellène.L'Uruguayen de La Havane a situé l'action de son dernier polar dans l'Athènes du siècle de Périclès. Entretien avec un helléniste non conformiste . Daniel Chavarria, L'oeil de Cybèle. Traduit de l'espagnol par Mara Hernandez et René Solis, Rivages Thriller, 430 pp., 145 F.

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publié le 18 décembre 1997 à 14h04

C'est un polar particulier, un roman coloré et sombre. Son intrigue

se passe au cinquième siècle avant Jésus-Christ, le siècle de Périclès, à Athènes. Mais cette Athènes, pleine de fureur, de stupre et de mysticisme, est pour tout dire assez étrangère à la capitale de nos humanités classiques. Chavarria nous y mène sur les pas d'esclaves et d'hétaïres saisies par les mystères d'une nouvelle religion fondée par un mendiant mystique, un Metragyrte, sorte de sous-prêtre de Cybèle. Ce monde marginal va tenter de retrouver l'oeil de Cybèle, une améthyste qui a été volée sur la statue de la déesse en Phrygie. Dans cette course, ils vont défier le pouvoir des prêtres officiels, l'ambition des généraux et des magistrats de la cité, tout l'establishment athénien. Ce roman sensuel, rythmé par des apartés, incises et digressions, on le doit à Daniel Chavarria, Uruguayen à la barbe blanche de prophète vivant à La Havane. Cet helléniste non conformiste tire sa conception de la Grèce antique plus du rire sonore d'Aristophane, de sa langue bigarrée, que du sens des proportions de Phidias. Quant à son goût pour les rebondissements, cet ami de Paco Ignacio Taibo l'a puisé dans sa vie. Militant d'extrême gauche au Brésil pendant les années 60, il s'est fait chercheur d'or dans la forêt amazonienne pour échapper aux militaires. Quelques années plus tard, après avoir été démasqué comme agent de la guérilla en Colombie, il a détourné un petit avion et a fui à Cuba où il est devenu prof de grec