le19 septembre 1899, le président Loubet signait la grâce d'Alfred
Dreyfus, que le conseil de guerre, réuni à Rennes, venait de déclarer coupable pour la seconde fois. Un an plus tard, était votée une loi d'amnistie, qui portait sur tous les faits relatifs à l'Affaire. Pour le gouvernement comme pour l'opinion, celle-ci était donc close. En réalité, avait débuté une «troisième affaire Dreyfus», la plus longue et la plus méconnue, celle que Dreyfus, libre, mena lui-même pour que son innocence soit enfin reconnue. Sept années durant lesquelles il consigne ses notes et ses souvenirs dans des carnets, qui sont aujourd'hui publiés pour la première fois dans leur intégralité.
Remarquablement édité, assorti de plus d'un millier de notes et de références, le texte que propose Philippe Oriol est en effet pour partie inédit. Regroupant les écrits de Dreyfus des lendemains du procès de Rennes à sa réhabilitation de l'été 1906 (1), ces carnets n'avaient connu jusqu'ici qu'une seule édition, établie par Pierre Dreyfus après la mort de son père en 1936, et publiée sous le titre Souvenirs du capitaine Dreyfus, 1899-1906. Soucieux de rendre hommage au combat de son père et de ne pas assombrir la portée de l'Affaire, Pierre Dreyfus avait cependant procédé à de nombreuses coupes, purgeant le texte de tout ce qui avait trait aux divisions entre dreyfusards. «Je ne crois pas utile d'insister sur les petites faiblesses des hommes de grand coeur», écrivait-il alors. Or c'est là peut-être que résid